La "maison/papier" de Yann, trisomique

Publié le par Jaz

La maison (papier 3D couleurs)

La maison (papier 3D couleurs)

 Yann, trisomique mais pas que, semble avoir lâché les kaplas car il apporte ce jour où il vient avec son père, une maison de sa fabrication. Une mosaïque colorée dont il a relevé les angles pour figurer les murs et collé d'autres éléments verticaux. Nous avons abandonné les rituels, il semble ne plus en avoir besoin, et la pose triomphalement sur notre table de travail.

Ce sera le support de nos échanges. Il prend l'initiative de la description :

"zé fé une manzon    (maison) 

un chiateur   (ordinateur)

zé fé dé tab   (une table)

porte

un scalier 

voilà et c'est tout"

- Et là  ça? 

- ça un mur

- Et qu'est ce que tu as fait encore ?

çui-là  bleu clair

- C'est quoi ? pourquoi ?

- ya ça dans la maison

Moi zé fait un frenêtre (chaque côté du mur)"

Il repasse ensuite à ses photos pendant que je prends sa maison en photo.

"Zé fait l'Espagne grapo pays s'appelle l'Espagne. (drapeau)

Ah oui un village c'est ça.

Moi maison."

On passe ensuite à Play math (sa progression fera l'objet d'un autre article)

 

A cette séance où sa mère ne l'accompagne pas, Yann s'assume totalement, tout heureux et fier de sa création.

DIALOGUE ET ÉNONCIATION
Il me la décrit spontanément, en énumérant certains de ses éléments, avec les déictiques qui correspondent à la monstration... et relèvent d'un niveau de langage énonciatif. Lorsque je le relance, il est plus précis. Il a des reprises catégorielles, "moi zé fait, ça",il justifie la présence d'un élément avec un commentaire, "ya ça dans la maison" en référence à un modèle possible.

SON LANGAGE
continue à associer des énoncés
- avec formules toutes faites mais a propos : "Voilà et c'est tout" conclusif... "Ah oui un village c'est ça" qui succède à un travail d'étayage pour situer le mot village,
- il les associe dans ses propos à d'autres comme cet énoncé parataxique, "moi maison".
Ce dernier pourrait correspondre à une "construction personnelle" de l'énoncé, avec une valeur référentielle différente de "zé fait une maison" car il peut s'interpréter également comme "ma maison" dans le sens où Yann pourrait souhaiter en avoir une, la maison de ses rêves, en quelque sorte. N'est-il pas "adulte" à presque 23 ans !

Il continue à fonctionner sur un mode associatif en intégrant ces deux stratégies dans un même énoncé lorsqu'il parle de l'Espagne représentée par son drapeau.

AU NIVEAU DE LA PAROLE
il a une parole spontanée qui demande un travail de mise en place qui n'est pas rapportée ici. Approximation des voyelles, simplifications, omissions de syllabes...

Évolution de son langage

LE THÈME DE LA MAISON

Lorsque je proposais aux enfants des polybricks (cf. legos), la maison était un thème récurrent de construction. Ils la retrouvaient sur une étagère et la modifiaient au fil des séances lorsqu'ils le souhaitaient. L'un d'entre eux s'en est tenu à un mur sans ouverture. D'autres en intégraient en la reprenant. Un enfant, Kacem, a utilisé la cheminée pour voir à l'intérieur, avant de mettre une porte. Pour d'autres enfants, le support a pu être le dessin, etc.
Quand les ouvertures apparaissent elles correspondent réellement à une ouverture à l'autre. J'ai développé ce point de vue dans plusieurs articles du site, en particulier avec une enfant présentant des défenses autistiques, Angie et la maison diamant, également avec Lucas, dysphasique, dans le corpus "vaisseau", spatial pour lui, la maison en tant que telle étant réalisée dans des scénarios avec des playmobiles (cf. Du cannibalisme au quotidien). (il suffit de taper le nom des enfants dans -recherche- sur le site SOS en lien ci-dessous pour retrouver les 2 articles évoqués, et bien d'autres).

Limites d'une prise en charge

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